TU NE CROIS VRAIMENT PAS AUX FANTÔMES?
Nok est réceptionniste dans un hôtel bon marché de Bangkok. Lors de mon tout premier voyage en Asie, j'avais prévu deux semaines de "street photography" dans la capitale thaïlandaise et je voulais poser mes sacs dans un endroit sûr. J'ai atterri dans la chambre 608 de son hôtel, en face de la célèbre gare Hualamphong.
Le lendemain de mon arrivée Nok monte toquer à ma porte.
- Hugo, je voudrais te parler, tu as deux minutes ?
- Oui.
- Tu as peur des fantômes ?
- Bah non, je fais en riant. Pourquoi ?
- La semaine dernière, un Américain est arrivé ici. Une trentaine d’années, gentil, assez beau. Il avait réglé quatre nuits d’avance. Le dernier matin, il était en retard pour libérer la chambre, la femme de ménage venait de m’en faire la remarque.
Je suis donc montée et j’ai toqué doucement à sa porte. Pas de réponse. J’étais certaine qu’il était là alors j'ai frappé un peu plus fort. Rien. J’ai collé l’oreille à la porte, il était peut-être dans la salle de bain. Pas de bruit d'eau. J’ai fini par tambouriner en secouant la poignée. Sans succès. Il ne me restait plus qu'à utiliser mon double de clé.
Quel soulagement j’ai ressenti en voyant l’Américain étendu sur le lit ! Tu vois, j’ai tout de suite pensé qu’il n’avait pas dessoûlé de la veille au soir. Je l’ai appelé doucement puis je me suis approchée du lit, je voulais juste effleurer sa main sans l'effrayer. Sa peau était presque froide.
L’Américain était probablement mort pendant la nuit, en tout cas c'est ce qu'a dit le médecin.
Nok fait alors une pause et me fixe comme si elle attendait une réaction de ma part. Puis elle poursuit, hésitante :
- Tu es bien sûr que tu n’as pas peur des fantômes ?
- Oui je suis sûr.
- Tu ne crois vraiment pas aux fantômes ?
- Bien sûr que non !
- Alors c’est bien, fait-elle, visiblement très soulagée.
- Pourquoi ?
- Oh, pour rien ! C’est juste que l’Américain était l’occupant précédent de cette chambre. C'est ici, sur le lit où tu es assis, que je l’ai trouvé.
