BIO

Je suis né à Nantes en 1967. Mon histoire avec la photographie a commencé le jour de mes treize ans, lorsque mes parents m'ont offert un petit instamatic Kodak. Depuis ce jour, elle n'a jamais quitté ma vie.

Une quête de liberté

À 29 ans, après avoir tenté en vain de faire entrer ma vie dans un moule créé par d'autres, j'ai pris une décision radicale : faire de la liberté mon axe central. Liberté de temps, de mouvement, de création. J'ai commencé par une année sabbatique et suis parti pour un voyage en solo. Aujourd'hui, cela fait presque trente ans que cette philosophie détermine mon mode de vie, mes projets, mes déplacements.

Cette liberté, je l'ai financée en acceptant un mode de vie simple, avec très peu de possessions matérielles, et en occupant des activités professionnelles flexibles qui me permettent de partir chaque année ou presque. J'ai appris que la vraie richesse, c'est le temps disponible pour créer ce qu'on aime.

Je voyage comme je photographie : sans itinéraire, en me laissant conduire par une rencontre, un échange de regards, l'ambiance d'un marché. Mon seul impératif : ne jamais sortir sans un appareil photo. Les images les plus fortes naissent souvent quand on ne s'y attend pas.

Ma pratique se concentre sur la photo sur le vif (street photography, portraits environnementaux) et la photographie de paysages. Mes terrains de prédilection : l'Asie du Sud-Est où j'ai passé plus de trois ans, le Maroc que je parcours régulièrement depuis 1997.

Ce qui me fascine par-dessus tout, c'est l'inconnu. Certains le redoutent, il me stimule. En voyage, j'aime partir le matin sans savoir ce que la journée va m'apporter — quelles photos, quelles rencontres — et me dire le soir en regardant mes images : « Je n'aurais jamais pu imaginer vivre ça aujourd'hui. »

L'évidence du noir et blanc

Le noir et blanc s'est rapidement imposé comme une évidence esthétique. Il va droit à l'essentiel, s'adresse aux émotions et évite les distractions. Il offre une souplesse expressive unique : présentez un même négatif à dix photographes, vous aurez dix interprétations différentes.

Formé à l'argentique, je suis passé au numérique par nécessité pratique, mais j'ai gardé la même philosophie : pas de photomontage, pas de filtres tendance ou d'IA. Je joue simplement sur la densité et le contraste, tout comme autrefois en chambre noire. Ces contraintes volontaires me permettent de documenter la réalité plutôt que de fabriquer des images artificielles.

Entre humain et nature : un équilibre nécessaire

Si l'effervescence des rues me dynamise, la quiétude des paysages m'aide à me poser. Ma pratique alterne entre ces deux pôles, comme une respiration nécessaire, guidée par l'intuition plus que par un agenda.

Photographier en solo est une nécessité créative. Je n'ai pas l'esprit à ce que je fais si je dois composer avec le rythme d'un compagnon de voyage. Ma pratique a besoin de cette liberté totale. Paradoxalement, cette solitude choisie me permet de faire les rencontres les plus authentiques.

Bernard Lavilliers l'a exprimé en chanson : « Pas moi qui ai fait les voyages. C'est les voyages qui m'ont fait. » Ces paroles résonnent avec mon expérience. Mon parcours est jalonné de voyages, de rencontres improbables, d'images inattendues. Comme ce jour au Vietnam où, parti marcher sans but, j'ai rencontré par hasard deux grands photographes du pays, et nous nous sommes retrouvés tous les trois autour d'un café dans la galerie de l'un d'eux.

Ce qui compte vraiment

Ce qui m'importe avant tout, c'est le plaisir de créer, puis la résonance intime qu'une photo peut provoquer. Une bonne image doit d'abord toucher l'émotion du spectateur. Je suis curieux de la rencontre entre l'image et le regard du visiteur. Parfois, un spectateur s'attarde devant une photographie et y découvre un sens que je n'avais pas vu moi-même. Alors la photo prend une autre dimension.

Au bout du compte, ma photographie n'est pas une carrière ni un produit. Comme dans ma vie, je ne cherche pas à forcer les choses : je regarde ce qui se présente et je dis oui ou non. Une façon de vivre sans précipitation, d'accorder de l'attention aux choses et aux personnes, et de capturer des images qui deviennent les témoins silencieux de ce que j'ai vu.