CHAÎNE ALIMENTAIRE

Clac !

Merde, encore raté !

Cette saleté de moustique s’est enfui, et maintenant j’ai le bras tout rouge. C'est malin !

Bangkok, quartier Hua Lamphong.
Allongé sur un lit en fer dans une chambre aux murs gris sale, je fixe le ventilateur qui tourne à plein régime, brassant un air brûlant.

Tout là-haut, immobile dans un coin de peinture écaillée au-dessus du placard en contreplaqué défoncé, trône le vrai maître des lieux : un petit lézard blanchâtre.

Lézard patiente. Dans la lueur tremblotante du néon, il sait que son repas viendra à lui. Tôt ou tard, Moustique s'aventurera un peu trop près et… gloups, disparaîtra d'un coup de langue vif comme l'éclair.

J’aime bien cette idée de chaîne alimentaire — et d’en faire partie, moi aussi. Une gouttelette de mon sang cédée à un moustique, qui finira lui-même digéré, dissous dans une crotte de lézard oubliée par la femme de ménage, quelque part dans un coin de carrelage au sixième étage d’un hôtel défraîchi.

Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme.

À 10.000 km de chez moi, cette crotte de lézard contenant mon ADN finira elle aussi absorbée par des micro-organismes.

C'est marrant quand on y pense : le plus vieil ancêtre de l’homme… c’est justement un micro-organisme qui a décidé d’évoluer.

Alors, que reste-t-il quand il ne reste rien ?

Il reste la Vie. La Vie qui poursuit son chemin. Encore et encore.

Sous d’autres formes.

>>> Tous les récits de voyage

Précédent
Précédent

SERVICE 5 ÉTOILES GRATIS

Suivant
Suivant

LE PRIX DU SOULAGEMENT AUX PETRONAS TOWERS